L’hiver s’est retiré en silence, laissant derrière lui des souvenirs de lectures devant le feu, de journées pluvieuses rythmées par les apprentissages, et de moments suspendus où le temps semblait s’étirer indéfiniment. À mesure que le printemps déploie ses premières couleurs, une transformation subtile s’opère, un cycle immuable qui, chaque année, façonne mon quotidien et celui de ma famille.
Lorsque l’hiver s’installe, je ressens instinctivement le besoin de ralentir. Tout comme la nature s’endort sous le givre, je mets en pause une grande partie de mes activités créatives. J’accorde la priorité aux enfants, à leur instruction, à leurs lectures, à leurs apprentissages. Je mets entre parenthèses l’écriture, la création, et même certains engagements. Ce n’est pas une contrainte, mais une respiration nécessaire, une phase de repos où mon esprit se ressource dans le quotidien.
Il n’y a pas besoin d’être toujours dans l’action, ni de chercher une productivité constante, on peut aussi accepter que les temps de pause soient aussi essentiels que les périodes d’activité intense.
Le retour du printemps est donc comme un réveil progressif. Mon esprit s’ouvre à nouveau aux projets, mes mains se remettent à modeler, à coudre, à peindre, à broder. La maison s’anime autrement : les fenêtres s’ouvrent plus longtemps, l’air se renouvelle, les rituels du matin se remplissent de mouvements et de renouveau.
Les enfants, eux aussi, suivent ce rythme. Après un hiver studieux où ils ont absorbé avec avidité lectures et connaissances, ils éprouvent moins le besoin de moi à leurs côtés. Ils explorent l’extérieur avec plus d’autonomie, s’instruisent autrement, en vivant pleinement chaque instant passé dans la nature.
Il reste des temps d’instruction formelle, bien sûr, mais ils sont allégés, intégrés naturellement dans la trame du quotidien. Les apprentissages se font beaucoup plus souvent dans la nature.
Charlotte Mason prônait une "mother culture", une routine d’enrichissement personnel pour les mères, où l’apprentissage et la culture s’intégraient harmonieusement dans leur quotidien. Ma méthode Pissenlit s’en éloigne, car elle ne repose pas sur un enrichissement constant, mais sur un équilibre instinctif entre le soin du foyer et le soin de soi.
Chaque année, sans que j’aie besoin d’y réfléchir, la méthode Pissenlit revient d’elle-même. Comme cette fleur sauvage qui renaît au printemps sans que personne ne l’y invite, mon rythme intérieur se remet en marche, et avec lui ce cycle alternant lenteur et vitalité.
La méthode Pissenlit alterne des moments de tâches ménagères et d’organisation, des instants partagés avec les enfants, et des temps précieux où je me recentre sur ce qui me nourrit profondément. Car un parent serein est un parent qui sait aussi s’accorder des pauses, sans culpabilité. Je précise que beaucoup de tâches sont faites par ma moitié ou les enfants, nous vivons en collectivité, tout le monde participe donc à l'entretien du foyer.
Le matin suit une structure presque immuable, mêlant gestes simples et petits rituels bien ancrés :
- Se lever tôt , avant que la maison ne s'éveille entièrement pour savourer un moment de calme.
- Ouvrir les fenêtres, laisser l'air circuler et renouveler l'atmosphère.
- Boire un verre d'eau, première étape essentielle pour réveiller doucement le corps.
- Envoyer un message doux dans le groupe familial
- Prendre un café et un petit-déjeuner, tout en lisant les actualités (mais uniquement en format écrit, loin du flot anxiogène des chaînes d'information).
- Prendre soin de soi :
- Deux fois par semaine, un gommage au marc de café pour purifier la peau ( mélange de marc de café et d'huile d'olive ).
- Les autres jours, un massage du visage avec une crème hydratante.
- Verser le reste de marc de café dans l'évier pour éviter les mauvaises odeurs.
- Se préparer avec des vêtements confortables
- Secouer les tapis et les mettre dehors , dix minutes si le temps le permet.
- Préparer mon plus jeune enfant , tout en partageant avec lui les premières conversations du matin.
- Mettre de la musique et danser avec les enfants présents , un rituel joyeux qui donne le ton de la journée.
- Propager des huiles essentielles (menthe poivrée ou lavande) et du vinaigre blanc dans la maison , pour purifier naturellement l'air.
- Gérer mes réseaux sociaux , répondre aux messages, partager un instant de notre quotidien.
- Fermer les fenêtres , maintenant que l'air a été renouvelé.
- Nettoyer les tables , un geste simple qui apaise l'esprit et rafraîchit l'espace.
- Cuisiner le déjeuner avec mon dernier , un moment précieux de transmission et d'éducation alimentaire.
- Nettoyez la cuisine , pour repartir sur un espace clair.
- Écrire , poser des mots sur mes pensées, mes projets, mes réflexions.
- Passer l'aspirateur , harmoniser l'espace en prenant soin de notre environnement.
- instruire les enfants
- Déjeuner en famille , un moment de partage et d'échanges.
Après-midi : un temps plus fluide et créatif
- Accompagner mon dernier à la sieste , et en profiter pour lire un roman
- Concevoir des fichiers pédagogiques , préparer du contenu pour l'instruction des enfants.
- Travailler , avancer sur les projets en cours.
- Avancer un ouvrage ou une création manuelle, renouer avec la matière et le geste.
- Passer du temps dehors , respirer, marcher, observer, s'imprégner du monde.
- Jouer avec mes enfants
- Instruire ces derniers
Le soir, n’est pas une course contre-la-montre.
Faisant l’instruction dans la famille, le soir n’est pas une course contre-la-montre.
"Prenez soin de votre intérieur comme de votre âme, et vous trouverez la paix." — Sarah Ban Breathnach
En instaurant cette routine qui me ressemble, j’ai découvert qu’elle m’apportait bien plus qu’un cadre : elle réduisait mon anxiété, me permettait de traverser les journées avec fluidité et sans surcharge mentale. Elle m’aide à ne pas m’oublier en tant que mère, sans non plus délaisser ce qui m’entoure.
L’objectif n’est pas d’établir une liste figée d’activités, mais d’apprendre à jongler naturellement entre le temps pour soi et le temps consacré au foyer. Car ce qui apaise un parent rejaillit toujours sur l’enfant. Un enfant évoluant dans un environnement serein, où l’adulte trouve un équilibre entre ses besoins et ceux des autres, grandit avec plus de confiance et de stabilité.
Cette méthode n’est pas universelle. Chacun peut l’adapter, la façonner en fonction de son mode de vie, de ses envies, de ses obligations. Ce qui est un moment de plaisir pour l’un peut être une corvée pour un autre. L’essentiel est de trouver ce qui fonctionne, ce qui apporte cette sensation d’harmonie et de respiration dans le quotidien.
Loin des injonctions à la performance et à l’occupation constante, cette routine est une invitation à vivre pleinement chaque saison, à accepter les moments de pause comme une force et non comme une faiblesse.
Ainsi, au fil des mois, entre rituels matinaux et envolées créatives, je retrouve toujours mon équilibre. Et dans cette danse des jours qui passent, je me rappelle que l’éducation, l’instruction et la parentalité ne sont pas des lignes droites, mais de magnifiques chemins sinueux, parsemés de fleurs sauvages et de lumières changeantes.
La méthode Pissenlit n’est pas une recette figée, mais une manière de repenser son quotidien en alternant naturellement temps pour soi, temps pour son intérieur et temps pour les autres. Elle n’impose pas de règles strictes, mais invite à écouter son propre rythme, à ajuster, à modeler en fonction des saisons de la vie.
Chaque parent peut créer sa propre routine, non pas par obligation, mais comme un moyen d’alléger le quotidien et de s’accorder une respiration dans l’éducation et l’instruction.
Alors, à chacun de semer ses propres graines et de voir, au fil du temps, quelle fleur éclot dans son jardin intérieur.
