Chaque matin, alors que le soleil étire lentement ses rayons sur notre maisonnée, trois jeunes être s'éveillent, l'un tout petit et les deux autres déjà bien grands.
Le petit dernier, haut comme trois pommes, a l’âme des enfants qui grandissent au rythme des saisons, le regard curieux de ceux qui trouvent dans chaque instant un moment de poésie.
Cet enfant ne connaît pas la précipitation des réveils sonnant trop tôt, il s’éveille avec la lumière, doucement, bercé par le chant des oiseaux qui filtrent à travers la fenêtre et sur son doux visage reposé, il y a toujours un adorable sourire au réveil qui adoucit le cœur de son parent.
Dès que ses petits pieds touchent le sol, il sait que la journée lui appartiendra, que chaque instant sera un pas de plus sur le sentier de la découverte, que le quotidien ira à son rythme.
Dans son foyer, il n’y a ni programme figé, ni manuel imposé, ni emploi du temps rigide qui viendrait découper la journée en tranches artificielles, tout se fait naturellement, nous parlons-là d’un enfant qui frôle tout juste les trois ans.
Son instruction, s'il doit y en avoir une, est comme cousue sur mesure, elle s’adapte à ses élans et à ses besoins, soit une pédagogie vivante où l’apprentissage se fait avec douceur et sens.
« L’éducation est une atmosphère, une discipline et une vie. » Principe N°5 de Charlotte Mason
Les livres ont une place importante dans son quotidien. Chaque semaine, une quarantaine d’ouvrages vivants glissent entre ses mains, entre albums illustrés, contes anciens, livres documentaires et récits inspirants. Les histoires nourrissent son imaginaire et son vocabulaire, chaque mot devient une clé pour comprendre le monde. Et c’est sûrement pour cela qu’il connait déjà le son des lettres et sait lire des syllabes commençant par P et F.
La médiathèque est un de ses refuges, c'est même là qu'il y a appris à y compter jusqu'à 12, sur les marches des escaliers qui mènent jusqu'à l'étage de ses livres préférés.
À partir de ces lectures, un de ses parents imagine pour lui des activités pour le distraire, pour développer ses connaissances tout en faisant en sorte que cela ait du sens.
Chez lui, les apprentissages se déroulent tantôt lové dans un coin douillet de la maison, tantôt en jouant à des jeux à la ludothèque, tantôt installé sur une couverture en pleine nature dans son jardin.
Une craie qui trace les lettres sur une ardoise ou un morceau de bois ou bien encore une comptine murmurée, tout cela peut se faire sous les branches d’un vieux chêne ou d'un laurier.
Pour lui, l’intérieur et l’extérieur se confondent en un même espace d’apprentissage et de vie.
Chaque jour, il court à travers les herbes hautes, grimpe dans le laurier, observe les insectes vaquer à leurs occupations, les yeux brillants de mille questions.
Son petit poulailler, il en prend soin avec sérieux et application. Il ramasse les œufs, change l’eau, nettoie, donne à manger aux poules en comptant les graines une à une, un rituel tout simple qui, sans en avoir l’air, lui enseigne patience, responsabilité et numération.
À quelques pas de là, le potager attend ses mains curieuses. Il plante, arrose, désherbe, s’émerveille de voir une minuscule pousse devenir une carotte, une courgette, un tournesol immense. Il goûte les fraises ou framboises tiédies par le soleil, s’étonne du parfum de la menthe, observe les escargots qui se faufilent entre les rangées.
Chaque jour, cet enfant court, saute, grimpe. L’activité physique est une évidence, non pas dictée par un emploi du temps, mais par un besoin naturel de mouvement. La draisienne devient une fusée, les sentiers boisés un terrain d’exploration, et l’eau d’une rivière une invitation à patauger.
Et puis, il y a la musique, l’art et la cuisine, qui font partie de son quotidien. Il peut toucher librement au piano, mettre en route la radio, jouer avec le pinceau ou cuisiner des poireaux.
Et au-delà, du quotidien, il y a les copains et copines du club de football et du monde de l'instruction dans la famille.
Et si son enfance vous semble surprenante, elle n’est pourtant pas si éloignée de celle pratiquée en Finlande, pays reconnu pour avoir l’un des meilleurs systèmes éducatifs au monde.
Là-bas, les enfants n’ont aucune obligation et instruction scolaire avant l’âge de sept ans.
Ces petits passent plus de temps dehors que dedans, apprennent à leur rythme, et les journées sont pensées pour respecter leur curiosité naturelle.
Néanmoins, les enfants de ce pays, qui commencent tardivement l’école, font partie des meilleurs et sont des enfants épanouis.
Mon enfant, haut comme trois pommes, vit une vie d’enfant, simplement.